mardi 8 décembre 2015

BRULE-POURPOINT

LIV
J'écris sans m'en rendre compte, à brûle-pourpoint, à contre courant des temps modernes qui m'invitent à la vitesse, à la rapidité des communications entre les Hommes, qui m'invitent à "dire" dans un téléphone, à "messager" via des machines de plus en plus performantes. J'écris et je me pose sur la branche flexible du courant permanent de la vie. Immobile au milieu du gué qui relit l'utile à l'inutile, je tente d'oublier mon corps pour me concentrer sur mon esprit. Est-il là ? Est-il las ?
Ma machine mentale turbine au ralenti cherchant le chemin des mots. Les directions sont multiples. Les combinaisons complexes. Le choix est difficile. Les mots sont des pavés, ou plutôt des cailloux que je dois récolter puis laisser derrière moi pour ne pas me perdre. J'écris pour me retrouver. Je trace un parcours qui suit les reliefs de ma vie.
J'écris à contre-jour, à l'aveugle, au pif, à l'instinct, à l'instant. Je pose les mots les uns à coté des autres, selon mon humeur, mon bon vouloir. J'ai le pouvoir de les choisir et de les assembler. Ils sont inusables, intemporels, toujours présents. J'en ai plein la tête, plein les doigts. Ils coulent en flux continu sur la feuille. Ils débordent de ma pensée. Certains tombent à coté de la plaque blanche du papier. Je les retrouve par terre ou sous la table, les pattes en l'air, le souffle court, le cœur battant la chamade, paniqués, apeurés, transis d'effrois. ils ont peur de mourir, de sombrer dans l'oubli.  Les mots sont fragiles. Pour vivre, ils ont besoin d'être utilisés, d'être écrits, dit, scandés.
Les mots ont besoin de moi comme j'ai besoin d'eux. Ils sont mes compagnons de route et de doute. Ils sont un bagage léger à transporter, toujours prêt à servir. La langue bien pendue ou dans ma poche, ils sont tout proche, sur le bout. Je les crache sur le bitume de mon existence et l'asphalte noire de mes pensées.
Les mots sont au cœur de ma vie. Ils en battent le rythme, le tempo. Même si je n'en ai pas beaucoup dans ma caboche, ils m'offrent d'infinies mélodies. Les combinaisons sont multiples, en prise directe avec mon imagination. Ils sont le carburant qui alimente ma mécanique, qui fait tourner mon moteur. J'écris sans m'en rendre compte, à brûle-pourpoint, malgré moi!

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