XV
samedi 16 mai 2015
LES BATARDS
XIV
LES BÂTARDS
Les bâtards ! J’vais
les fumer ces enculés de bâtards ! J’vais les retrouver ceux qui ont brûlé la station service. Sur la tête de ma mère, ils vont payer. Putain !
J’ai rien fait, pour
une fois, mais les flics veulent rien savoir et les salauds qui ont dit qu’ils
m’avaient vu à la station service, ceux là, j’vais les fumer. Merde ! Tout
ça, parce que j’habite la Chênaie, putain de quartier de merde. Tous des
balances.
J’étais pénard avec
mes potes sous l’abri bus. Deux heures du mat’, on a entendu les sirènes des
pompiers et l’explosion. Boom ! Alors on a été, voir ce qui se passer.
Y’avait de la fumée noire qui s’élevait dans le ciel au dessus des toits des
maisons proches de la station. La fumée dansait dans la lumière jaune et
artificielle des réverbères. C’était beau. Peut-être que j’avais trop tiré sur
le bédo, peut-être que j’étais trop cool, pas sur mes gardes. Y’avait déjà du
monde autour de l’incendie. Les pompiers étaient déjà là. Les flics aussi qui
installaient un périmètre de sécurité. Y’avait pas de danger qu’on s’approche
vu l’odeur et la chaleur. Du regard j’ai fait un tour d’horizon du décor. Les bâtiments
de la station étaient éclatés. Une pompe à essence était en flamme. La maison
en face de la station avait les vitres explosées. Dans la cour un arbre était
arraché. Les pompiers s’activaient. D'autres flics sont arrivés et on fait
reculer la foule. Moi j’avais les yeux qui pétillaient. Je trouvais ça beau,
cette fumée qui s’envolait en flot continu comme un flux de peinture qui sort
d’un tube. Des ambulanciers ont transporté
des gens de la maison d’en face dans des ambulances, qui ont dégagé du site.
Mes potes et moi, on ne disait rien. On regardait et on écoutait les gens dans
la foule qui râlaient, qui parlaient de danger, de violence. Juste derrière
nous un homme à dit « putain de jeunes délinquants. Faudrait les mettre en
prison et leurs parents avec… », un autre homme a rajouté « ouai, ça traîne dans les rues jusqu’à pas d’heure et ça fait des conneries… ». Là je me suis retourné. Ils étaient trois ou quatre bonhommes, des darons. Un
d’entre eux, un gros, m’a regardé et a dit « qu’est ce qu’à toi ? Qu’est
ce que tu fais là à cette heure, dans la rue à ton âge ? » J’ai répondu
« ben rien, j’fais rien ». Le gros à continuer « Tu fais rien
mais tu devrais être chez toi plutôt que de traîner dans la rue, hein... Y font
quoi tes parents, bordel, ce n’est pas possible ça ! ». Comme d’hab.,
je n’ai pas pu m’empêcher de répondre du tac au tac « Mes parents ils
t’enculent, gros con ! » Mes potes se sont retournés eux aussi.
Surement qu’au ton de ma voix, ils ont compris qu’y avait embrouille. Le gros
et ces potes ont gueulé et ont fait des gestes pour me chopper mais j’étais
déjà prêt à déguerpir, mes potes aussi. On s’est natchave en vitesse. On a
giclé de la foule et on s’est barré vers le centre ville. On a couru quelques
mètres en se retournant de temps en temps pour voir si les gens nous
poursuivaient ou pas. On a rien vu venir alors on s’est remis à marcher
normalement. Tranquille. Tout en marchant, on a discuté de l’incendie et on a râlé
après les darons qui disaient que c’était nous qui avions tout fait péter. Les
cons ! Quand y’a des dégâts dans la ville ça retombe toujours sur les jeunes
et donc sur nous. Arrivé à l’église, j’ai dit qu’on allait s’poser derrière le
carouf. Là on serait pénard pour finir la soirée, fumer un dernier joint et
rentrer après.
Le parking derrière
le carouf était désert. On s’est posé sur un banc et Jako a roulé un bédo. On a
fumé tranquille. Je n’aurais pas dû tirer sur le oinj car ça m’a assommé. Je
n’ai pas vu arrivé la BAC. Deux bagnoles à font la caisse. D’habitude j’les
sens arriver les condés et j’me casse avant les emmerdes. Mais là, je n’ai pas
réagis. Moi et deux potes, on s’est fait serrer. Les trois autres se sont
barrés, coursés par d’autres keufs. Les flics nous ont collé au sol, face
contre terre en nous gueulant dessus, nous disant de n’pas bouger. Celui qui
s’occupait de moi, avait posé son genou au milieu de mon dos et pesait de tout
son poids sur ma colonne vertébrale. J’lui crier qu’il me faisait mal, j’ai du
l’insulter aussi car il m’a dit de la fermer sinon il appuierait plus fort. Il
m’a relevé en me secouant et en me tirant vers la voiture. Il m’a poussé à
l’arrière de la bagnole et s’est assis à coté de moi. Dans l’autre j’ai eu le
temps de voir qu’ils avaient embarqués mes deux potes. La caisse à démarrer en
trombe, gyrophare et sirène en marche. Dans la voiture y’s’étaient trois. Le
conducteur, un passager et le flic à coté de moi. Le passager à pris la radio
et a dit « centrale ici voiture 12. Interpellation de trois individus dont
le petit rouquin. » Le petit rouquin ce doit être moi, j’ai pensé.
« On rentre au central ». Une voix a grésillé dans les hauts parleurs
« ok, voiture 12, on vous attend ». Le trajet jusqu’au poste de
police a été rapide. Ce n’était pas la première fois que je faisais le trajet
dans une voiture de police mais là je crois qu’on a battu tous les records de
vitesse.
Arriver au poste
central, ils m’ont emmené dans une salle d’interrogatoire. En passant dans les
couloirs j’ai vu mes potes, qui attendaient assis sur des chaises, les mains
dans le dos, encadrés par deux poulets. Jako avait la tête baissé. Trop fumé
j’ai pensé, il doit dormir. Max, lui, était droit sur sa chaise. Il m’a regardé
passer, le regard vide. J’l’ai regardé, lui ai fait un clin d’œil et j’ai un
peu secoué le flic qui me tenait pas l’épaule en gesticulant et en gueulant
« on a rien fait, putain, on a rien fait ! ». Ça a réveillé Max,
qui s’est levé d’un bond sur sa chaise et qui lui aussi à gueuler « lâcher
nous, on a rien fait ». Le flic a coté de lui, lui a sauté dessus et l’a
rassit violemment « reste tranquille, ferme la » qu’il lui a crié.
Celui qui me tenait a serré fort mon épaule et tiré sur mes bras menottés en me
disant « arrête de faire le con, petit, tiens toi tranquille ».
Le flic m’a installé
dans une salle. Y’avait une chaise pour moi, devant une table. Deux autres chaises
de l’autre coté. J’avais toujours les menottes.
Il est ressorti et a laissé la place à un policier de la BAC, que
j’avais déjà vu avant ce soir. Y’m’avait contrôlé un soir où on avait fait les
cons autour d’une école. Il s’est assis en face de moi. Avec lui y’avait une
femme habillée en jean et blouson de cuir bleu. Une rouquine avec des lunettes
coincées dans ses cheveux. Elle ne s’est pas assise tout de suite. Elle est
venue vers moi, à sorti des clés de sa poche de blouson et m’a détaché les
mains. J’ai dégourdi mes bras et mes poignets en les secouant de chaque coté de
mon corps. Elle a dit en s’asseyant. « Voilà, comme ça vous serez plus à
l’aise ». J’ai rien dit. J’ai posé mes mains devant moi sur la table.
J’attendais qu’ils causent, qu’ils me jouent leur sketch du méchant et du
gentil flic. « Bon, a dit le flic,
t’étais ou entre une heure et deux heure du matin. » Je lui ai répondu en regardant la
femme, droit dans les yeux. Ça devrait l’énerver, j’ai pensé. « J’étais
avec mes potes, à l’abri bus, tranquille. » « Ouai, tu sais pourquoi
t’es là ? » « Non » La femme n’a pas baissé le regard mais elle ne parlait toujours pas.
« Regarde-moi quand je t’cause » a lancé le flic d’un ton sec. J’ai
continué à regarder la femme flic sans répondre. « Très bien, tu veux
jouer au dur, hein ? » s’est énervé le mec « mais on sait que
vous étiez autour de la station service ce soir, des témoins vous ont vu courir
juste avant l’incendie. Dit nous la vérité et on gagnera du temps » « La
vérité c’est qu’on a rien fait. On était à l’abri bus toute la soirée. Les gens
sont des menteurs, y’nous foutent tout sur le dos parce qu’on est jeune, qu’on
habite la chênaie, qu’on a des casquettes, des looks trop chelou pour eux. Demandez
à mes potes, y’vous diront la même chose. On a rien fait ». J’ai dit ça en
dévisageant la femme. Elle m’a écouté sans détourner la tête. « Pfuuuu, a
fait le flic, vas-y toi, parce que moi j’vais le claquer. » « Tu
t’appelles Paul BECK, tu as 13 ans et tu habites le quartier de la Chênaie, bat
3, appartement 209. Tu as été souvent contrôlé ou interpellé par nos services
depuis un an. Pour l’instant rien de sérieux pour t’inculper, toi et ton
groupe. Mais là, suite à l’incendie, c’est plus pareil et… » « Stop,
j’ai crié, on a rien fait, rien de rien, putain, c’est toujours sur moi qu’ça
retombe, j’veux partir » Je fais le mouvement de me lever, mais le flic s’est
sorti de sa chaise et d’un bras, au
dessus de la table, m’a obligé à me rasseoir. Putain, quelle poigne. On
n’dirait pas comme ça qu’il est costaud le mec. « Tu reste là, Polo, et tu
réponds aux questions parce qu’il y a des
témoins qui vous ont vu courir après l’explosion et d’autres qui vous accusent
de les avoir insulté dans la foule qui regardée l’incendie. Alors qu’est ce que
tu dis de ça Polo ? » « M’appelez pas Polo, j’suis pas vot’copain »
que je lui lance. « Bon, reprenons, propose la femme. Donc tu dis que vous
êtes restés toute la soirée à l’abri bus. De quelle heure à quelle
heure ? » « j’sais pas, on a du se retrouver vers 22 h jusqu’à
l’explosion » « comment sais-tu l’heure de votre rendez-vous »
« j’suis chez mon père en ce moment et il part au boulot à vingt et une heure quarante-cinq alors
j’suis sorti après » « Ok , si on admet que ce n’est pas toi ni ton
groupe qui avaient allumé l’incendie » j’ai senti le flic qui se crispait
à cette idée « Tu n’as idée de qui aurait pu faire ça , »
« j’suis pas une balance » « peut-être mais pour l’instant, toi
et ta bande, vous êtes nos suspects, alors réfléchis. Entre vingt deux heure et deux heure du matin,
il ne c’est rien passer, vous n’avez vu personne ? » Là rapidos j’ai
eu deux flash mais j’ai dit « j’peux réfléchir ? J’suis un peu
crever » « Pauvre choux » a lâché le flic « Ok, on te
laisse réfléchir. On va voir tes petits copains, on revient » la femme
s’est levé, imitée par le flic qui m’a lancé un méchant regard. Ils sont
sortis.
C’est vrai que je
commençais à être stone. J’ai posé ma tête sur la table, j’ai fermé les yeux et
j’ai réfléchis à la soirée. Les deux flashs sont revenus. Premier flash :
La soirée a été cool, on a parlé, chahuter, picolé un peu en début de soirée
puis on a fumé quand Jako nous a rejoins vers minuit. Peu après, le grand-père
de Zouzou, un de nos potes, est passé nous dire de ne pas faire trop de bruit
car il habite en face et qu’il allait se coucher après avoir promené son chien.
On lui a dit qu’il n’y aurait pas de problème.
On le connaît, il est sympa et comme on squatte souvent en face de chez
lui, il nous dit gentiment de nous amuser sans déranger les voisins. Il est
cool. Notre pote, Zouzou n’était pas avec nous hier soir. On a continué la
soirée en parlant surement de plus en plus fort et sous l’effet du chichon et
de la tise on a commencé à délirer et à partir un peu en live. Du coup on a
fait plus de bruit et à une heure trente, le grand-père de Zouzou a ouvert la fenêtre et il
a gueulé « Hé, les jeunes, il est une heure et demie et je voudrais bien dormir.
Alors barrez-vous ou calmez-vous sinon j’appelle les flics » Paf, il a
refermé sa fenêtre, vénère le vieux mais ça nous a calmé.
Deuxième
flash : juste après un groupe de jeunes s’est pointé à pied vers nous. On
les connaissait un peu. C’est des jeunes bourges qui se la pètent un peu, qui
s’déglinguent tous les week-ends à l’alcool, qui viennent parfois nous acheter
du shit, qui vont en boite. Y s’ont des tunes ceux-là. Des fois ils font les
cons dans la ville avec les poubelles, les caddies du carouf. Je les soupçonne
de faire des tags sauvages de temps en temps quand ils sont trop d’équerre.
J’me suis fait emmerder par les keufs à cause de ça. Je n’ai pas de preuve mais
si j’en ai ça va chier. J’tag aussi, moi, mon blaze c’est ZAALOP mais je ne
fais pas ça chez nous.
Ils étaient bien
allumés déjà. Y’avait quatre mecs et deux meufs. C’est des p’tits fils à papa
qui viennent ce faire peur avec nous, la racaille comme disent certains. Des
fois ils traînent avec nous mais je n’aime pas trop. C’est Jako qui kiffe car
il leur vend du chichon et j’crois qu’il s’est déjà tiré une des deux meufs lors
d’une soirée où on s’était incrusté. Hier, ils ont pris un peu de chit à Jako
et ils ont continué leur tournée en direction de la station service. Putain,
ouai, ils étaient chauds bouillant, complètement défoncés et très excités. Je
ne sais pas ce qu’ils avaient pris avant ?
J’étais sûr qu’ils
avaient fait le coup. Putain les bâtards, les enculés, j’vais me les faire ces
branleurs. Bon fallait que je réfléchisse à c’que j’allais dire aux flics.
J’ai du m’endormir
un peu quand j’ai entendu la porte s’ouvrir j’ai eu du mal à émerger. La femme
flic et le mec sont entrés. « Alors, polo t’as réfléchi ? » « M’appelez
pas Polo, m’sieur, j’vous l’ai déjà dit » « Ok, alors Paul tu as réfléchi ? »
me demanda la flic « ouai, y’a un truc qui m’est revenu. Le grand-père
de Zouzou, nous a engueulé à une heure trente parce qu’on faisait trop de bruit et qu’il ne
pouvait pas dormir. » « Zouzou, c’est qui ? » J’ai repris
ma technique de ne pas regarder le flic pour répondre à sa question. J’ai
regardé la femme qui avait mis ses lunettes. Elle avait l’air fatigué.
« Zouzou, c’est un pote mais il était pas là hier. Il est ailleurs, chez
son père » « C’est quoi le nom de son grand-père ? » « J’sais
pas. Il habite pile en face de l’abri bus. L’entrée entre la pharmacie et le
traiteur. » « Et Zouzou comment il s’appelle ? » « Allez
pas l’emmerder, il n’était pas là » j’ai dit. « Comment il
s’appelle ? Bordel ! » Toujours nerveux le mec. Mon regard dans
celui de la flic « Jeremy Trapon. Son grand-père doit s’appeler comme ça
vu que c’est le père de son père… » Et je n’ai pas pu m’empêcher de me
tourner vers le flic et de lui dire « vous suivez ? » J’ai vu ses
muscles se tendre et la main de la femme se poser sur son bras « Ok, elle
a fait on va vérifier. Rien d’autres ? » Là, j’ai senti qu’elle
jouait un peu son quitte ou double. J’ai présumé que mes potes avaient surement
parlé du groupe de bourge’ mais je ne savais pas ce qu’ils avaient lâché. J’voulais
garder ça pour moi et leur faire la peau à ces baltringues, leurs faire leur
fête, leur faire bien peur et bien mal pour plus qu’ils jouent au frimeur alors
j’ai dit le minimum « peut-être qu’y a un groupe de jeunes qu’est passé
juste avant l’explosion mais j’les connais que de vue, je ne connais pas leur
nom. Ils sont d’ici mais pas de la chênaie. » « C’est ce que nous ont
dit tes petits copains aussi. Vous ne les connaissez vraiment pas ? »
« Non, mais c’est surement eux que les gens on vu courir après
l’explosion. » « Toi aussi tu fais dans la rumeur maintenant,
Polo » a lancé le keuf. Je suis sorti de mes gonds. J’ai balancé la chaise
derrière moi et j’ai sauté sur lui par-dessus la table mais il m’attendait le
con, il attendait que ça, alors il m’a esquivé, chopé en plein vol, envoyé un
direct dans le ventre, m’a plaqué au sol, un genou sur la poitrine et armé un
autre coup, le poing en l’air au dessus de moi. La flic a sauté sur lui et
stoppé son geste en gueulant « arrête Francis, stop c’est un gamin ».
Le flic a marqué un temps d’hésitation puis il a baissé la garde, desserré son étreinte
du genou. Il m’a lâché.
Ça a fait comme une
dépression dans tout mon corps et dans ma tête, quelque chose s’est libéré en
moi et j’ai pleuré. De gros sanglots me soulevaient. Était-ce la peur, la
fatigue, la retombée après l’ivresse mais en tout cas je chialais comme
lorsque j’étais gamin. Je ne pouvais pas m’arrêter. J’ai vaguement entendu la
flic dire au mec d’aller se calmer, de vérifier pour le grand-père et elle a
parlé de ma mère. Il est sorti. J’étais toujours par terre, secoué par de
grosses vagues de larmes. J’ai senti les mains de la femme se poser sur moi et
me secouer calmement. « Paul, ta mère est là, elle va venir te voir, Ok ?»
J’ai rien répondu. Je suis resté au sol. Ma mère est entrée. Je les ai entendu
discuter toutes les deux puis maman m’a appelé doucement, calmement, pas avec
sa voix de folle qu’elle a souvent quand je rentre à la maison et qu’elle me
crie après. Elle s’est mise près de moi, elle me parlait en me caressant les
cheveux. Je me suis calmé. J’ai retrouvé mon souffle et mon calme. Je me suis
redressé, assis prêt d’elle comme ça par terre. Elle m’a pris dans ses bras
comme lorsque j’étais enfant. Je n’ai pas résisté, ça faisait longtemps. Trop
longtemps. On est resté comme ça je ne sais pas combien de temps. Maman me
disait qu’elle m’aimait, qu’il fallait que j’arrête mes conneries, qu’elle
parlerait avec papa, qu’il fallait que je dise ce que je savais sur
l’explosion, qu’elle était fatigué de tout, qu’il fallait que je l’aide, que je
sois gentil et tout et tout, elle n’arrêtait pas de parler tout en me berçant
et j’aimais ça, j’étais bien. Depuis très longtemps je n’avais pas été aussi
bien.
La flic est revenue,
seul sans l’autre keuf de mes deux. On s’est levé maman et moi, on s’est assis
sur les chaises. La autour de la table.
On a écouté la femme qui nous a dit que le grand-père avait confirmé notre
version. Qu’il était formel sur les heures et tout. Elle a tenté une dernière
fois d’avoir des infos sur l’autre groupe de jeunes mais j’ai rien dit. Elle a
filé sa carte de visite à maman en lui disant qu’on pouvait l’appeler si on a
des infos. Ma mère m’a regardé d’un œil redevenu noir comme lorsqu’elle
m’engueule. J’ai fait non de la tête.
On est rentré chez
elle. J’ai été directement au lit. Il était 7 h du mat. J’ai envoyé quelques
sms à mes potes pour savoir où ils en étaient, puis j’ai sombré dans un sommeil
agité.
Je me suis réveillé
à midi. Je me suis habillé direct et suis sorti de ma chambre. L’appart était
calme. Maman devait encore dormir, une boite de somnifères était sur la table
de la cuisine. J’ai avalé un jus d’orange. J’ai chopé le sac à main de maman.
J’ai trouvé la carte de la femme flic que j’ai glissé dans ma poche arrière de
jean et je suis sorti. Tout en marchant j’ai regardé mes sms. Mes potes étaient
rentrés, ils me demandaient quand on se retrouvait. Je n’ai pas répondu et j’ai
été dans le quartier des bourges. Je savais que deux ou trois habitaient dans
un quartier avec des belles maisons, les bâtards! J’vais les fumer ces enculés
de bâtards !j’vais les retrouver ceux qui ont brûlé la station service, sur
la tête de ma mère, y’vont payer. Putain !
Je me suis posté
dans un coin d’une rue avec vue sur la maison d’un des frimeurs. J’ai poireauté.
J’ai reçu plein de sms de la bande mais je n’ai pas moufté. J’avais un truc à
faire avant de les rejoindre. Enfin, un de ces petits cons est sorti de chez
lui. Il ne m’a pas vu. Il avait l’air un peu flipper. Il a regardé à droite et
à gauche puis il est parti dans la direction opposée où j’étais en planque. Je
l’ai suivi à distance pour pas le perdre de vue et pour ne pas être vu. C’était
chaud car il se retournait souvent. En passant devant sa maison j’ai chopé son
nom de bâtard de famille et j’ai relevé le numéro de sa maison. On était
dimanche et y’avais personne dans les rues. C’qu’il y a de bien dans ces
quartiers de riches, c’est qu’il y a plein d’espaces verts, des petits coins
jolis pour les caniches à sa mémère ou pour les gosses et plein de raccourcis
entre les maisons. Je connaissais un peu, ce quartier pour m’y être caché après
certaines conneries ou pour avoir accompagné Jako pour la vente de shit. J’ai
imaginé par où il allait passer et j’ai pris un petit chemin qui me ferait le
devançait. Je l’ai chopé dans un petit recoin, derrière des arbustes. Je lui ai
mis sa race. Je me suis défoulé. Coup de poing et coups pied dans sa petite
gueule de tapette. Ça a été rapide. Avant de le laisser je lui ai dit de se
dénoncer au flic avec ses petits copains et qu’il pouvait parler de moi. Ça ne
me dérangeait pas.
J’ai été rejoindre
mes potes à l’abri bus. Sur le chemin j’ai appelé la femme flic. Elle a répondu
à la deuxième sonnerie. « Allo » qu’elle a fait. « C’est Paul.
Vous trouverez un des gars du groupe de jeunes, vers le douze de la rue des
étangs. Il s’appelle Elliot Herriot, il vous donnera les autres. Moi, je serais
à l’abri bus. » J’ai raccroché et j’ai éteins mon phone.
J’ai retrouvé mes
potes. On a discuté de l’embrouille avec les keufs puis la femme flic est
arrivée dans une voiture de la BAC. J’les ai sentis venir cette fois. J’les
attendais. J’ai dit à mes potes de ne pas bouger. La flic est descendue de la
voiture. J’ai été vers elle en disant aux autres de ne pas s’inquiéter. La femme
flic m’a accueilli en disant « Il faut que tu nous suives Paul et que tu
nous dises tout. » « Je sais, » j’ai dit. Je suis monté à
l’arrière avec elle. Une fois en route elle a dit « Tu n’aurais pas du
frapper Elliot, ses parents vont porter
plainte » J’ai répondu en regardant mes potes immobiles sous l’abri bus « je
sais » puis je me suis tourné vers elle, plantant mon regard dans le sien
« C’était ma dernière bêtise
madame ». Elle a soutenu mon regard et elle a légèrement souri. C’est rare
un flic qui sourit. J’ai lâché le premier. J’ai détourné la tête et regardé de
l’autre coté de la vitre. Y’avait pas de gyrophare, ni de sirène cette fois et
j’ai pleuré.
Mais qu’est ce j’ai,
en ce moment, a pleuré souvent.
Je grandis
peut-être ?
AUTEUR : FRANCK DE RAEVE/ JUIN 2014
vendredi 15 mai 2015
TENIR DEBOUT
XIII
Il y a une lueur d'espoir
Qui s'allume quelque part,
Dans un sourire,
Un geste,
Un regard.
Je veux y croire.
Croire en l'Homme,
Malgré tout,
Voilà,
Ce qui me tient debout !
jeudi 14 mai 2015
ALLONGéE
X
La tête dans les nuages.
Le sable à ses pieds.
La MA' donne son corps
Au soleil de l'été.
La mate, lasse, se prélasse
Sur le matelas de la plage.
La mate adore
La mise à mort
De sa peau nue
Sous les banderilles
Du temps perdu.
La tête dans les nuages.
Le sable à ses pieds.
Sa majesté
La dorée,
allongée sur la plage,
En est l'unique
Grain de beauté.
mercredi 13 mai 2015
dimanche 10 mai 2015
Course folle
VI
Un banc n'est jamais vide.
Le vent s'y repose.
Il reprend son souffle
Après sa course folle
Contre le temps et les marées.
Un banc n'est jamais vide.
Les gens s'y reposent.
Ils reprennent leur souffle
Après leur course folle
Contre le temps et les années.
Un banc n'est jamais vide.
La mort y dépose
Les souvenirs de nos souffles
Qu'elle lâche et qui s'envolent
Dans l'air du temps passé.
Un banc n'est jamais vide.
L'amour y repose.
Il suspend son souffle
Avant sa course folle
Vers les amants, les adorés.
Un banc n'est jamais vide.
Toujours,
Une histoire s'y pose.
Méandre à la WARHOL
II
"Méandre" est à l'origine un dessin à l'encre sur papier. Un simple trait continu serpentant sur la feuille, sans dessein précis, sans idée prédéfinie, sans but. Une fois le pinceau levé, une forme est apparue m'évoquant un corps de femme. L'apport de traits plus fin précisait ma vision.
Les outils modernes de numérisation, m'ont permis de retravailler ce dessin, de le coloriser à ma guise et de le dupliquer. cela donne ce triptyque inspiré du style d'Andy WARHOL.
"Ne perdons jamais le besoin enfantin d'écouter avant de dormir une histoire. Il nous aide, chaque matin à vivre jusqu'au soir"
AU JOUR LE JOUR
I
Au jour le jour, vivre ma vie avec au fond du cœur beaucoup d'espoir, un peu de doute et de la clarté, de la lumière qui m'éclaire et rend ma vie EXTRAORDINAIRE.
Au jour le jour, en toute liberté, m'exposer au soleil de mon âme.
"Les petits riens ne sont jamais insignifiants, la beauté foisonne dans l'infime"
Sylvie GERMAIN
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